Fédération : ambiguïté et présidentialisme, Garcin

Senja STIRN

"Ce système n'est ni nécessaire ni raisonnable"

Article d'E. Garcin, où il reprend la création de la FFPP, qui reste d'actualité, se rapprochant du "Haut Conseil" imaginé par les organisations composant le Ceredepsy.. :

Bref rappel des épisodes précédents. Face à l'altemative organisation unique ou fédé­ration, une forme de majorité s'est com­posée en faveur d'une fédération.
Majorité, mais non unanimité puisque la SFP et, avec elle, l'AFPS, l'AcoPF, le SNES ont décidé d'ini­tier un autre processus de rassemblement.
Quant aux statuts de ce regroupement fédé­ratif, une version assez nettement modi­fiée circule depuis la fin novembre. L'idée d'un regroupement structuré fait son chemin et commence à habiter sérieuse­ment tous les esprits. C'est d'un bon pré­sage. La nouvelle version des statuts n'as­signe plus les membres à leur secteur d'activité avec impossibilité d'en sortir. C'est un progrès. 

Deux remarques critiques sur le projet de statut de la fédération. 
L'article 17 instaure un régime présiden­tiel. Ce n'est pas le bureau national mais le président qui « fait des propositions de mise en œuvre au Conseil d'administration",  de même c'est lui qui fait des propositions « d'action » au bureau national, c'est éga­lement lui qui est « garant des orientations définies par le congrès », et c' est lui qui « exerce une fonction de représentation auprès des ins­tances internationales ».
Seule soupape, dans ce dernier cas, « le président » peut se faire suppléer. 

Ce système n'est ni nécessaire ni raison­nable. D'une part, parce que l'on sait les psychologues plus attachés au fonction­nement de type collégial qu'à la personnali­sation du pouvoir. Et, d'autre part, parce que de telles dispositions ne pourront que ren­forcer l'opposition de ceux qui s'insurgent contre les attitudes et les procédés disqua­lifiants et stigmatisants développés par cer­tains initiateurs du projet de regroupe­ment. 

Par ailleurs, le mélange d'adhésions d'or­ganisations et d'adhésions individuelles est source de confusion, de méprise, voire de tromperie. Car, en fait, les « membres » naturels d'une fédération sont non pas des individus, mais des organisations (et encore sous réserve qu'elles soient d'une nature comparable). Une fédération défend les intérêts collectifs des organisations qui la composent et non les intérêts des personnes individuelles.

En proposant des adhésions individuelles, la fédération se substitue de facto aux orga­nisations qui la composent. La solution actuelle qui court deux lièvres à la fois pour­rait s'assimiler à une « organisation unique » qui ne dirait pas son nom !

CONCLUSION

Les psychologues veulent garder leurs orga­nisations en développant les synergies qui doivent exister entre elles. 
Les dispositions approximatives et sources de confusion (sur le régime des adhésions. par exemple) ou contraires à l'état d'esprit des psychologues (une présidence hégé­monique) doivent être revues. 

À défaut de quoi on engagerait à terme les psychologues dans une aventure suscep­tible de les diviser pour longtemps alors même que l'on prétend les rassembler.

Référence : Journal des psychologues, n°204, p. 12, février 2003.